Origines
Dans la ville de Saint-Brieuc, sur une
colline d'une centaine de mètres, s'élevait une petite chapelle dédiée à saint
Pierre. Elle existait déjà au quatorzième siècle. Elle fut reconstruite vers
l'an 1500 par Pierre Dolo, seigneur de la Coste. Mais au début du dix-huitième
siècle, elle était de nouveau en mauvais état. La propriétaire, Mme la Comtesse
de Plélo en fait don à la Congrégation des «Marchants et artisans de la ville
de Saint-Brieuc» qui avait été fondée sous le vocable de l'Immaculée Conception,
en 1710. Les congréganistes réédifièrent la chapelle à leur frais et elle eut
pour titre à partir de 1719: «l'Immaculée Conception et les Ss. Apôtres
Pierre et Paul».
Les réunions de la congrégation se
poursuivirent jusqu'à la Révolution. En 1791, la chapelle fut fermée, puis
servait de magasin. Le 24 fructidor, an IV, 19 septembre 1796, elle fut vendue
comme bien national et acquise par l'un des congréganistes. Il s'appelait Louis
Jean Prud'homme.
Les réunions de la congrégation reprirent à
partir de 1801, mais furent contrariées dans les années suivantes par la police
impériale. Ce n’est qu’en 1816 que le calme se fit entièrement. En 1837, Mgr de
la Romagère, évêque de Saint-Brieuc, nommait l’abbé
Paul Prud’homme, petit fils de l’acquéreur de la chapelle
en 1796, comme directeur de la congrégation.
Dès le mois de mai 1838, il inaugurait les
exercices du Mois de Marie qui se terminaient par une procession extérieure. En
1842, la foudre ayant endommagé le clocher de la chapelle, les congréganistes
s’employèrent de leur mains, à le reconstruire.
Fondation de la Confrérie N.D. d’Espérance
Au début de l'année 1848, un enfant de la
ville de Saint-Brieuc était gravement malade et son cas regardé comme
désespéré. Sa famille et l'abbé Prud'homme supplièrent la «Vierge de Saint-Pierre» pour obtenir sa guérison. Ils furent exaucés.
Comme il l'avait promis, le
Directeur de la congrégation inscrivit sur le socle de la statue de la Vierge
le nom de «Notre Dame d'Espérance» . C'était le 1 février 1848.
A la suite des journées révolutionnaires de
février à Paris, une grande inquiétude se répandit à travers tout le pays. Mgr
Le Mée, alors évêque de Saint-Brieuc, autorise l'établissement d'une «Association
de Prières pour le salut de la France» dans la chapelle de l’Immaculée
Conception. Dès le mois d'août suivant, à la suite d'une demande
d'approbation, le Souverain Pontifie Pie IX accordait les indulgences
sollicitées et élevait l’Association de Prières au rang d'Archiconfrérie
universelle. Les associés s’inscrivirent nombreux dans tous les diocèses de France.
En 1852, ils étaient plus de 150.000. En cette même année fut sculptée par
Pierre Ogé sur les indications du Chanoine
Prud'homme, la statue de Notre-Dame d'Espérance. Elle fut bénite par l’Evêque de
St-Brieuc le 2 juillet. C’est cette image qui est vénérée depuis dans le
sanctuaire et qui reçut les honneurs du couronnement en 1865.
Le culte de N.D. d’Espérance continuant à s'étendre
le clocher de la chapelle fut terminé en 1853 et porta dans les airs la statue
de N-D. protectrice de la ville. L’année suivante furent commencés les travaux
de la nouvelle chapelle. Elle fut inaugurée le 30 avril 1856. A l’époque, les
associés étaient au nombre de 300.000 et venaient de toutes les régions de
France. Avec l'approbation de Mgr David, en 1863, le Directeur de I’
Archiconfrérie se rend à Rome. Il est reçu trois fois en audience par le Souverain
Pontife qui l’accueillit très favorablement. Le Pape voulut étendre l'objet des
prières de l’Archiconfrérie ; non seulement les associés doivent prier
pour le «salut de la France» la conversion et la persévérance des fidèles, mais
le Pape veut que les associés prient pour l'«Exaltation de l'Eglise et la
Paix dans tout l'Univers». De plus, le Pape établit le culte de N.D.
d'Espérance, à Rome, dans l’Eglise de l’Immaculée Conception de la Place
Barberini.
Enfin, le Souverain Pontife accédant à la
demande de l’Evêque de St-Brieuc, accordait à la statue de N.D. d'Espérance les
honneurs de la Couronne d'Or.
Le Couronnement
Le bref portait la date du 13 mars 1863,
mais ce fut seulement le dimanche 30 juillet 1865 qu'eut lieu le Couronnement.
La statue quitta son sanctuaire pour être conduite à la cathédrale. Partout dans
la ville ce ne sont que guirlandes, décorations, arcs de triomphe, étendards.
Mgr David chante la grand’messe; après Evangile, Mgr Brossais Saint Marc archevêque
de Rennes commente les paroles du Cantique des Cantiques: «Veni,
columba mea, formosa mea, veni, coronaberis».
Les
vénérés prélats étaient
entourés de Mgr Plantier, évêque de Nîmes, de
Mgr Sohier, évêque de Hué (Cochinchine) de Mgr Epivent, évêque d'Aire et Dax et de plus de cinq cents
prêtres venus du diocèse et de toute la Bretagne.
Après la grand’messe la statue a été
conduite sur un reposoir édifié Place de la Préfecture. La place est remplie
ainsi que toutes les rues adjacentes par une foule évaluée à 40.000 personnes.
Lorsque les deux couronnes eurent été
placées, une procession s'organisa à travers la ville. Elle fut
imposante
avec les représentants des maisons religieuses, des congrégations et des
paroisses dura plus de deux heures. Enfin, la statue de N.D. d'Espérance
retrouva son sanctuaire après de solennelles acclamations et un ultime «Salve
Regina» .
Le Vœu de 1871 et l'Apparition de Pontmain
La chapelle de N.D. d’ Espérance où la prière
publique est permanente, est tout naturellement le point de départ de
supplications ardentes dans le temps des calamités. On le vit bien en 1866
lorsque le choléra, à Saint-Brieuc et dans la région, fît naitre de grandes
craintes. L'épidémie s’arrêta. Quelques années plus tard en 1870, nouvelles
alarmes. La France éprouve défaite sur défaite. Le Nord et l'Est sont envahis.
La capitale est investie et au mois de janvier 1871, l'armée prussienne déborde
Le Mans et s'avance en direction de Laval.
Le 17 janvier, quelques dames de
Saint-Brieuc demandent à l’Evêque l'autorisation de faire un Vœu afin d'obtenir
la fin de la guerre et la protection de la Bretagne. Le vœu est prononcé à six
heures le soir. Au même moment, dans le ciel de Pontmain, une belle Dame se
laissait voir à quelques petits enfants. Une inscription se lisait sous ses
pieds : «Mais, priez mes enfants. Dieu vous exaucera en peu de temps.
Mon Fils se laisse toucher.»
Et lorsque les enfants et les assistants
entonnent le cantique «Mère de l'Espérance», la Dame sourit et élevant
les mains sembla accompagner les voix sur un clavier invisible. L'émotion fut
grande dans la région et particulièrement à St-Brieuc lorsque furent connus ces
événements: ils furent regardés comme une réponse aux prières et au vœu faits à
N.D. d'Espérance.
En 1873, une procession d'action de grâces
rassembla trente mille fidèles reconnaissants. Le fondateur voulut encore
agrandir le sanctuaire et en 1878 il édifia, aidé par la générosité des fidèles
sept chapelles rayonnant autour du Maître-Autel, ce qui permet pour les grandes
fêtes de rassembler plus de mille personnes dans son enceinte.
La Basilique
La chapelle a pris ainsi son aspect
définitif. Elle est de style ogival. Construite entre 1854 et 1856 elle porte
la marque de son époque où l'on voulut imiter les églises gothiques du moyen âge.
Devant l'église s'élève un clocher carré. Il
portait autrefois une flèche en tuffeau, terminée par une statue de la Vierge,
qui étendait ses bras pour bénir la Ville. Mais la pierre blanche ne résista
pas au climat marin et, en 1957, la flèche fut démolie. La tour renferme un
carillon de 12 cloches qui chantent joyeusement des cantiques les jours de fête.
Sous le porche, on peut voir un groupe qui représente le Couronnement de la
Vierge. C'est sur le socle de cette statue que fut inscrit le 1 février
1848 le nom de Notre-Dame d'Espérance. De chaque côté, diverses statues
de saints ciselés par Pierre Ogé (1820-1890) - à
droite, St-Jean, Abraham, St-Etienne, Ste-Geneviève, St-Yves – à gauche L'Ange
gardien, David, St-Guillaume, St-Dominique, St-Louis de Gonzague.
En entrant dans la Basilique on est frappé immédiatement
par l’harmonie de ses lignes. Elle comprend trois nefs couronnées par une
abside polygonale. La hauteur de la nef principale est de 13m50 sous la voûte,
la largeur de la nef et des bas cotés est de 13 mètres, la longueur de l’ensemble
depuis le porche jusqu’au fond de l'abside est de 51 mètres.
L’Autel principal est l’œuvre du sculpteur Jabouin de Bordeaux (1886) en marbre blanc, il repose sur trois
marches de marbre rose, il est enrichi de colonnettes et de statuettes. Sous la
table de l’autel, un bas-relief en bronze doré représente Notre-Dame
d'Espérance, entourée de suppliants de tous les âges, a
droite et à gauche les statues de St-Joseph, St-Joachim, St-Jean-Baptiste et
St-Jean Evangéliste, les saints de la famille de la Sainte Vierge.
Derrière
l'autel se dresse le trône de
Notre-Dame, il est de bois sculpté et a été
édifié en 1878. La statue de N.D.
d’Espérance
est l’œuvre de Pierre Ogé, elle a été réalisée, sous
l’inspiration du Chanoine Paul Prud’homme en 1852. La madone a une expression
de douceur et de majesté difficile à reproduire. Debout, portant la Couronne
royale accordée par Pie IX, en 1865, la Vierge Immaculée écrase la fête du serpent
infernal. Près d'Elle, sur un tronc d'arbre, qui figure la racine de Jessé et rappelle
l'arbre de la Croix, l'Enfant Jésus présente d'une main, l'ancre, emblème de
l'Espérance, de l'autre, Il indique le cœur transpercé de sa Mère source
intarissable de compassion et d'amour. De son coté, Marie appuie la main gauche
sur l'épaule de son Divin Fils, tandis qu'Elle tend la main droite vers nous,
comme pour nous dire: «Venez ne craignez point. Mon Fils ma constituée votre
Mère et votre espérance.»
Cette statue est entourée d'une grande vénération
à st-Brieuc, et dans de nombreuses chapelles à travers le monde. Elle est
portée solennellement en procession le 31 mai -Jour du Pardon- et le 15 août à
travers les rues de la Ville. Le chœur est orné de grilles en fer forgé avec fleurs
et lancettes (1879) ce qui lui donne un caractère d’intimité.
Les Chapelles
Autour du chœur on peut admirer sept autels qui
sont tous ornés de grâcieuses peintures ou de sculptures.
-Le premier
autel, du côté nord, est l'autel des Pèlerinages. Le rétable
représente la Translation de la Maison de Lorette et il est entouré de
deux belles statues de St-Roch et de St-Christophe.
-Le deuxième
est dédié aux Ss. Apôtres Pierre et Paul ; le bas
relief montre Notre Seigneur enseignant ses disciples.
-Le
troisième est l'autel de St-Joseph. Sous la table d'autel, un gisant de
pierre, c'est la représentation de St-Tharcisius,
martyr, d'après le statue célèbre de Falguière.
- L'autel de
l'Abside est dédié au Sacré-Cœur. On peut admirer un très bel autel, en
marbre de Carrare, de style Restauration et qui fut placé en 1818 dans
l'ancienne chapelle. Au-dessus, une statue de bois polychrome de Corlay,
sculpteur du 18ème siècle.
-Le tombeau du Fondateur a été édifié en 1884, il est l’œuvre de Guibé, artiste originaire de St-Brieuc et fut exécuté dans
l’atelier de Chapu, à Paris. Cette sculpture en
pierre blanche représente le Chanoine Prud’homme, mort en 1882, et qui offre à
N.D. d’Espérance l’Eglise qu'il a construite et l’Association de prières qu'il
a fondée.
-Le
cinquième autel est celui de Ste-Anne. Patronne de la Bretagne et Mère
glorieuse de la Très Sainte Vierge.
-Le sixième
autel est celui de St-François d'Assise. Trois petites scènes de la vie
du Saint illustrent le rétable.
-Le septième
autel est l’autel des Défunts. Le rétable
rappelle les souffrances du Christ et de sa Mère douloureuse, et la
Résurrection.
En même temps que vous visitez les autels ne
manquez pas de remarquer le Chemin de Croix (1839) sculpté en plein chêne
par l’artiste Pierre Ogé, cette œuvre ne manque ni de vigueur ni de piété.
En revenant dans la nef, arrêtez-vous devant
la chaire monumentale (1878). Elle est due au ciseau de Paul Guibé, travaillant sous la direction de Chapu.
Au premier plan, trois grandes figures de l’Ancien Testament: Moise, Elie et Jérémie.
Au-dessus, St-Pierre et St-Paul, les deux colonnes de l'Eglise. Et au-dessus de
l'abat-voix, le Christ vainqueur qui vient juger le monde.
En face de la chaire, la statue de St-Pierre
scultée sur le modèle de celle qui est vénérée dans la
Basilique Vaticane rappelle l’ancien titre de la Chapelle et les prières des
Associés pour le Pape et pour l’Eglise.
Le Rayonnement de Notre-Dame d'Espérance
Tous les Papes depuis Pie IX ont témoigné de
leur sympathie pour Archiconfrérie. Pie IX éleva l’Association de Prières au
rang d'Archiconfrérie universelle et accorda de nombreuses indulgences aux
associés.
En
1880, sur la demande Mgr David, Léon XIII
a concédé au diocèse de Saint-Brieuc, la
célébration de l’Office de N.D
d’Espérance
en 1902, il a élevé le sanctuaire de Notre-Dame à
la dignité de Basilique
mineure. En 1913 Saint Pie X s’est inscrit de sa main sur le
registre des
Associés et leur accorda de nouvelles indulgences. En 1948, lors
du Centenaire
de la Fondation de l’Œuvre, Pie XlI envoya une Lettre
laudative par l'intermédiaire de son secrétaire(futur pape Paul VI). Dans
ce document, il encourage les associés «pour les ascensions spirituelles vers
Dieu et un zèle ardent pour les vertus évangéliques. En vérité, les buts que
poursuit l'Archiconfrérie de N.D. d'Espérance ne sont-ils pas d'obtenir avec
l'Exaltation de l'Eglise et le salut du monde, la conversion des pécheurs, la
persévérance des justes et la grâce d'une sainte mort».
En 1965, de grandes fêtes commémorent le centenaire
du Couronnement de la Statue vénérée. Elles sont présidées par Mgr Kervéadou, Evêque de Saint-Brieuc, par Mgr Gouyon, Archevêque de Rennes et réunissent un grand
concours de fidèles.
La
Vierge de l’Espoir qui a souri à Pontmain, montre encore par les nombreuses grâces
qu'elle accorde dans son sanctuaire de St-Brieuc, qu’Elle aime être invoquée
sous ce titre. Placez votre Espérance dans le cœur maternel de la Très Sainte
Vierge et elle ne sera jamais déçue.
Texte :
Imprimatur,
11 mai 1965
X. DE
PONTBRIAND,
v. g